???? « LES ARBRES RENDENT DES SERVICES EXPONENTIELS »
Article "Entre racines et bitume" - Le Courrier - 19 novembre 2019 - Maude Jaquet
Un très bon article mettant en lumière le système des compensations que Sauvegarde Genève décrie depuis au moins 2 ans. Et qui rejoint totalement le moratoire que nous demandons aux autorités - demande faite de nouveau lors de la dernière grande manifestation « SAUVONS NOS ARBRES » du 9 novembre organisée par Sauvegarde Genève pendant laquelle de très nombreux citoyens et groupes se sont exprimés.
À lire absolument.
Sous-titre :
On ne compte plus les réactions citoyennes liées à l’abattage d’arbres dans le canton de Genève. Les autorités font face à la quadrature du cercle.
Extrait de l'article - l'entretien avec M. Martin Schlaepfer
Martin Schlaepfer, chargé d’enseignement au sein de l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université de Genève, a travaillé deux ans sur le parc arborisé genevois. Dans le rapport Nos arbres, il relève l’importance de la végétation en ville, et les services qu’elle offre à la population.
"Entretien. (référence - Rapport NOS ARBRES sorti le 13 septembre 2018)
???? Quels sont les principaux bénéfices de l’arbre en ville?
Martin Schlaepfer:
A Genève, le principal bénéfice est lié à la détente et aux loisirs. Il suppose un accès pour la population à des espaces arborés. Les arbres ont aussi un rôle de soutien à la biodiversité, en hébergeant et nourrissant d’autres espèces. L’effet qui devient le plus important avec le réchauffement climatique est celui d’îlot de fraîcheur: résultat de l’ombre produite par la canopée, mais aussi de l’effet d’évapotranspiration, ce phénomène de rafraîchissement lié à l’évaporation de gouttelettes d’eau. Tous ces services sont exponentiels. ✅ Plus l’arbre est grand, plus les services qu’il offre sont importants. On a donc un retour sur investissement lorsque l’arbre est bien soigné sur dix ou vingt ans.
???? Quelles recommandations avez-vous émises concernant la gestion du patrimoine arboricole à Genève?
✅ Si nous avons commencé cette étude, c’est que nous pensions que la valeur intrinsèque des arbres, mais aussi des services qu’ils nous rendent, était sous-estimée dans les arbitrages avant abattage. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut rien couper, mais il est souhaitable de remplacer les individus abattus, et même d’augmenter l’emprise de la canopée au niveau cantonal. Ce qui compte ce n’est pas tant le nombre, mais leur taille et la surface de l’ombrage qu’ils procurent. ✅ On préconise de viser 25% de surface ombragée contre 21% actuellement.
???? Vous évoquez le principe de compensation. Estimez-vous que le système actuel est satisfaisant?
Jusqu’à présent, une compensation d’égal à égal est demandée. Il faut replanter un arbre équivalent sur la parcelle concernée. Quand ce n’est pas possible, on peut payer un montant compensatoire dans un fonds de l’Etat. ✅ Ce montant n’est pas suffisant, car les promoteurs choisissent souvent de le payer plutôt que de laisser de l’espace pour un arbre. Et l’arbre replanté ailleurs ne bénéficie pas aux personnes touchées par la coupe. ✅ Même quand un arbre est replanté sur place, le principe de compensation comporte des inconvénients. ✅ Il faut cinquante à cent ans pour qu’un arbre soit à nouveau au maximum des services qu’il peut rendre à la population. ✅ Et cette perte-là est nette, on ne la récupère jamais. ✅ Autre inconvénient: les arbres replantés ne sont souvent pas aussi sains. Soit parce qu’ils ne sont pas plantés en pleine terre, soit parce que les conditions ne sont pas optimales. ✅ Il n’est pas assuré que le potentiel du nouvel arbre se réalise.
???? Soutenez-vous un moratoire sur les coupes d’arbres, comme celui instauré en Ville de Genève ?
Tant mieux si le moratoire remet en question certaine de nos pratiques, mais il faut parfois se permettre de couper de petits arbres. ✅ Plus que la coupe en elle-même, c’est la minéralisation qui est dommage. ✅ Lorsqu’on bétonne un sol de pleine terre, la perte est quasi irrémédiable. ✅ On arrive très difficilement à recréer les conditions initiales qui pourraient, elles, être propices à planter un nouvel arbre.
✅ C’est peut-être là que je rejoins l’idée d’un moratoire. Il ne faut plus laisser la compensation monétaire comme porte de sortie mais exiger des efforts plus importants pour préserver la pleine terre qui permet aux grands arbres de s’épanouir."
Source : Article "Entre racines et bitume" - Le Courrier - 19 novembre 2019 - MAUDE JAQUET
https://lecourrier.ch/2019/11/18/entre-racines-et-bitume/
(sous Abonnement)
Rapport NOS ARBRES publié le 3 octobre 2018 dans le site
https://www.sauvegarde-geneve.ch/le-rapport-Nos-Arbres-Hepia